Dignité
et mobilité est en résumé l’état d’esprit des habitants
d’Aubagne depuis la mise en place de la gratuité des transports
publics.
Le pays d’Aubagne, c’est 12 communes, un peu
plus de 100 000 habitants. Le réseau de bus est constitué de 11
lignes régulières, du transport à la demande, des transports
scolaires et bientôt un tram. Les élus, dont le maire et la
présidente de la communauté d’Agglomération (PCF), ont instauré
la gratuité en mai 2009.
L’effet de cette mesure a été immédiat, + 50%
de fréquentation le premier mois, + 140% en 2011 et + 178% en 2013.
Premier constat, la gratuité modifie le rapport à l’argent et aux
droits. Les témoignages des usagers confrontés à un acte de la vie
placé hors du secteur marchand, montrent leur sérénité et leur
appropriation du réseau. Les études de fréquentation ont montré
que 50% des trajets supplémentaires sont réalisés par des
personnes qui utilisaient la voiture ou le deux-roues avant la mise
en place de la gratuité.
La gratuité a ses ennemis. Aubagne semblait trop
stratégique pour laisser faire. Le Préfet a tenté de s’y
opposer, le tribunal administratif lui a donné tort. Le GART
(Groupement des Autorités Organisatrice de Transport) s’est fendu
d’un avis « réservé » sur la gratuité.
Progressivement et sans fondements réels, chaque professionnel a pu
entendre que la gratuité favorisait la dégradation des bus et les
incivilités de toutes sortes…
La réalité est toute différente et la responsable
des transports d’Aubagne la décrit lors d’un colloque sur la
gratuité : « les gens ressentaient
une certaine fierté sur leur territoire du fait de la gratuité des
bus. C’est des bus qui circulent partout, on les voit. On a la
chance d’avoir des véhicules qui ont été renouvelés, donc une
flotte très belle avec une bonne qualité de service, les gens
étaient fiers de ça et assimilaient cela à une bonne gestion de
l’argent public ».
Presque la moitié des citoyens du pays ont un reste
à vivre de quelques euros par jour, pour eux la gratuité est une
réponse concrète à l’urgence sociale. L’expérience montre que
c’est aussi un outil de liberté et de bien vivre qui incite à
sortir des quartiers et offre une espace de mixité sociale.
Sur le secteur d’Aubagne 4000 à 5000 déplacements
en voiture en moins chaque jour, qui dit mieux en termes d’avancée
pour le respect de l’environnement ?
Quel est le prix de la gratuité ? Il faut
savoir que les recettes commerciales représentent à peu près 18%
du total des recettes des réseaux urbains (source GART 2011). Plus
de vingt collectivités ont adopté la gratuité du transport en
France. D’autres vont les suivre. A l’étranger, la capitale
Estonienne Tallinn (400 000 habitants) est passée à la gratuité en
janvier 2013. Celles qui militent pour la gratuité expliquent
qu’au-delà du transport, c’est la mise en œuvre du droit de
chaque homme et femme dans la société de leur droit à vivre dignes
et mobiles.
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