mardi 5 novembre 2013

A propos de la vasière de Méan, le "Grand Tourteau"


Au moment où le Préfet autorise dans un arrêté du 23 septembre, l'allongement de 350
mètres du quai du terminal conteneurs de Montoir, juste en amont du Pont, la question de
l'avenir de la vasière de Méan, le Grand Tourteau, juste en aval du Pont est de nouveau
posée.
Il y a longtemps que ces 71 ha fait "rêver" les aménageurs ! En mars 2013, "Saint-Nazaire
Magazine" publiait un texte du Président du Groupe Communiste au Conseil Municipal qui
posait la question du développement portuaire. Il soulignait la nécessité de "regarder du
côté de l'aval avec la question du Grand Tourteau ». Il accusait ceux qui veulent
"sacraliser un territoire" de "figer toutes les perspectives de développement
économique"...
J'avais alors publié une réaction disponible sur le site du PG44 : un territoire à préserver.
En voici l'essentiel.

Les infrastructures de transport

L'argumentation pour le développement des infrastructures de transport notamment
portuaire est développée dans] une logique de l'offre (et non de la demande) et repose sur
l'illusion qu'il suffit de proposer des infrastructures portuaires (comme aéroportuaires) pour
que le trafic se développe...
Le projet d'extension du port sur Donges-Est a été définitivement abandonné en 2009 -
mais cet abandon était acquis depuis un certain temps - par un vote majoritaire du Conseil
de Surveillance du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN) qui entérinait
ainsi les décisions européennes. Ce projet s'est heurté aux exigences environnementales
formalisées au niveau européen et à la mobilisation citoyenne. Dans l'esprit de ses
promoteurs, il devait pourtant être une réponse à la saturation du terminal agroalimentaire
et multi-vracs de Montoir-de-Bretagne, saturation qui n'est plus à l'ordre du jour.
L'artificialisation du territoire est un réel problème : l'équivalent d'un département français
est artificialisé tous les 7 ans... Cela doit faire réfléchir avant de détruire des milliers
d'hectares de bocage à NDDL ou une vasière dans l'estuaire du Brivet.

Le Grand Tourteau et les éoliennes


L'avenir de la vasière du Grand Tourteau (la vasière de Méan) au pied du Pont a fait partie
du même débat : en même temps que l'extension du port en amont (Donges-Est) se
posait aussi la question d'un développement en aval. Selon la Direction Régionale de
l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, un des services de l’État (DREAL)
des Pays de la Loire le Grand Tourteau, est le "dernier fragment d’une vasière autrefois
très étendue, à haute productivité primaire, bordé de petite surface de prés salés et de
roselières. Zone au potentiel nutritionnel encore important pour l’avifaune migratrice et
hivernante (limicoles, anatidés), en relation avec les vasières du banc de Bilho et les
marais brièrons, ainsi que pour diverses espèces de poissons marins (nourricerie)."
Inventoriés au patrimoine naturel national ces 71 hectares du domaine public maritime
(ZNIEFF 520014631) sont classés "Natura 2000", zone naturelle d’intérêt communautaire
européen. Les autorités européennes s'opposeront à tout remblaiement du Grand
Tourteau.
Le remblaiement du Grand Tourteau est-il nécessaire au développement des énergies
marines et à la production d'éoliennes sur le site de Saint-Nazaire ? Le 14 février 2012, le
site "Mer et Marine" se fait l'écho des responsables du GPMNSN
(http://www.meretmarine.com/fr/content/les-projets-de-developpement-du-port-de-saint-na
zaire-sur-leolien-offshore) : "Le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire travaille sur
l'aménagement de ses espaces fonciers afin d'accueillir un vaste pôle industriel et
logistique dédié aux énergies marines renouvelables, plus particulièrement dans le
domaine de l'éolien offshore. Plusieurs sites sont concernés. Tout d'abord, le port de
Saint-Nazaire, qui pourrait être dédié aux opérations de manutention. A cet endroit, le
GPMNSN propose d'aménager le pourtour de la forme Joubert, en créant au sud de
celle-ci un vaste terre-plein suite, notamment, à la démolition des anciennes cuves qui
constituent une friche industrielle. Dans le bassin de Penhoët, plusieurs espaces
pourraient également être aménagés, notamment au niveau du quai des Charbonniers.
Remise en état, la bigue qui y est implantée offre un important moyen de levage avec sa
capacité de 400 tonnes (le poids par exemple d'une nacelle comprenant la turbine de
l'éolienne). En cas de besoin, elle pourra être déplacée. Le port propose donc d'aménager
cet espace pour offrir des capacités logistiques aux opérateurs". Cet article ne parle
nullement de remblaiement de la vasière du Grand Tourteau. Il existe donc bien d'autres
solutions pour répondre aux besoins de la filière "éoliennes".
Sans "laisser le développement industriel à d'autres".

Activité humaine et défi écologique

Le texte du Président du Groupe Communiste porte une remarque essentielle : "l’activité
humaine est au coeur des défis écologiques". Ce défi ne s'oppose pas "à des occupations
territoriales différentes de celles d’aujourd’hui".
Il est aujourd'hui avéré que l'activité humaine (dans son mode de production dominant) tire
des "ressources" de l'écosystème planétaire bien au-delà des capacités de
renouvellement de cet écosystème. Les scientifiques reconnaissent que si toutes les
sociétés fonctionnaient comme nos sociétés occidentales, ce n'est pas une mais plusieurs
(trois ? quatre ?) planètes qui seraient nécessaires... Dit autrement, il n'est pas possible
de "tirer" à l'infini sur un système fini.
Or il n'y a qu'un seul écosystème compatible avec la vie humaine. La question de la
préservation de cet écosystème est posée. Il est fondamental de s'interroger
systématiquement sur les conséquences de nos modes de production.
Ainsi, le dérèglement climatique a et aura de conséquences graves qu'il est encore difficile
de mesurer. La disponibilité et l'accès à des ressources finies ou en voie d'épuisement (les
énergies fossiles, l'eau, les terres rares...) seront de plus en plus difficiles et sources de
conflits (les exemples aujourd'hui ne manquent pas à commencer par le pétrole).
Nous avons besoin d'un projet d'économie politique au service de l'humain d'abord, d'une
planification écologique qui parte des besoins humains et assume l'exigence de
préservation de l'écosystème terrestre. Ce projet doit associer la nécessaire réduction de
certaines consommations et la nécessaire relance de certaines activités avec la prise en
compte systématique de l'empreinte écologique générée.
C'est ainsi qu'il faut aborder les questions de la production industrielle et la gestion des
territoires, qu'il s'agisse du bocage de Notre-Dame-des-Landes, de la vasière de Méan ou
de tout autre espace.

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