On ne peut que se féliciter que
soit pris en compte un certain nombre d’éléments du patrimoine végétal de la
commune de Saint-Nazaire, outre celui de la sauvegarde des flores spontanées
celui de végétaux le plus souvent exogènes, introduits, plantés, entretenus par
l’homme dans le cadre urbain.
Néanmoins, le dossier présenté
sous le titre « Arbres remarquables » n’est pas exempt de nombreuses
lacunes et imprécisions qui, de mon point de vue, mettent en cause une grande
partie de sa validité.
Choix des arbres présentés
En introduction du dossier, il
est rappelé un certain nombre de définitions de ce qui peut être appelé arbre
remarquable, montrant la difficulté pour cerner véritablement le problème dont
la diversité des causes ou raisons de classer tel ou tel végétal dans cette
catégorie, somme toute restreinte, des arbres remarquables.
A la lecture du dossier présenté,
il semble que plusieurs notions aient été confondues et amalgamées voire
confondues, affaiblissant très largement l’expression de « arbre
remarquable » et que le travail d’analyse préalable ait été pour le moins
succinct.
A la lecture des arbres retenus,
je pense que nous avons affaire à quatre catégories distinctes :
- des arbres remarquables, bien qu’en
l’état des données fournies, rien ne le démontre vraiment ;
-
des arbres historiques, pour ceux
qui plantés, en ville, avant la dernière guerre mondiale subsistent encore et
ont a priori des possibilités de développement futur ; ils sont les
témoins de jardins, parcs public ou privés et d’un patrimoine arboré largement
disparu. Cette situation est peu commune en France et concerne essentiellement
les villes rasées lors des bombardements.
-
des arbres commémoratifs, comme le
platane du square de la Mutualité, ou le chêne fastigié du jardin des
plantes ; un jour peut-être seront-ils remarquables !
-
des arbres analysés comme entités
végétales, marqueurs du paysage
public ou privé, qui relève d’une analyse paysagère de la ville, de nature
esthétique.
Pour les deux premières
catégories, les arbres sont avant tout retenus comme objet biologique et
secondairement comme élément patrimonial. La troisième catégorie, le végétal
est à caractère symbolique et ce quel que soit son développement, enfin la
quatrième catégorie est avant tout esthétique et d’ordre culturel.
Une autre catégorie devrait être
évoquée, le patrimoine végétal des propriétés publiques (Gavy et Heinlex) dans
lesquelles subsistent les restes de plantations raisonnées de parcs à
l’anglaise réalisés à une date que j’ignore mais que je situe au début du XXe
siècle. Un véritable plan de gestion de ce patrimoine devrait être mis en place
et c’est vraisemblablement dans ces deux entités que peuvent se trouver les
véritables arbres remarquables de la commune.
Autres motifs de perplexité,
celui du choix des individus retenus. La logique de ce choix n’est pas
explicitée et il est difficilement explicable pourquoi des arbres du domaine
public ne sont pas répertoriés comme les chênes verts du square du Dolmen,
comme le marronnier de la rue de Pornichet à proximité du jardin des plantes,
certains cyprès de Lambert dans le même quartier… Sans évoquer ceux des 2
propriétés déjà citées.
A l’exception de quelques
circonférences de houppier et pas pour tous les arbres retenus, le dossier ne présente :
-
aucun élément factuel sur les dimensions de ces arbres : circonférence du
tronc, hauteur de l’arbre, densité et circonférence du houppier…
-
aucun élément historique sur les dates ou période de plantation, dans quelles
circonstances… (sauf 1 cas !)
-
aucun élément d’analyse d’usage des lieux et de perception des végétaux
retenus.
En l’absence d’un relevé
exhaustif des arbres de la commune, de critères clairement énoncés et
explicites, d’un choix motivé (espèce, dimension, histoire, rôle sociétal…), il
faut considérer que la liste retenue est à la fois partielle et trop longue,
qu’elle est donc discriminatoire entraînant des contraintes sur quelques arbres
publics ou privés, laissant toute liberté sur d’autres dont l’intérêt
patrimonial n’a pas été étudié..
Texte proposé
A sa première lecture, il ne pose
pas de problème si ce n’est qu’il a un côté non réaliste dans ses possibilités
d’application raisonnée car les systèmes radiculaires ne se plient pas à des
textes manichéens. En effet, s’il est
communément admis que le pin a un système traçant et le chêne un système
pivotant, pour bien d’autres espèces cela n’est pas aussi évident, surtout s’il
s’agit d’arbres âgés qui ont du tenir compte de la nature des sols et des
contraintes imposées par le temps. En effet, un chêne sur un socle rocheux ou
sur une terre à gley, émet un système traçant.
Par ailleurs, prendre comme référence
la projection du houppier au sol est un fort mauvais choix. En effet, suite à
des conditions diverses, le houppier peut être très réduit, le tronc, surtout
en bord de mer totalement penché avec un houppier se projetant pratiquement en
dehors de la base du tronc (un très bon exemple existe au jardin des plantes,
il s’agit du pin maritime situé près des locaux du personnel). Sur les arbres
anciens, le système radiculaire est souvent très dissymétrique. Par ailleurs,
des arbres âgés peuvent ne plus posséder de racines de fixation et seulement un
système dense mais réduit –parfois moins de 3 mètres de diamètre- pour
son alimentation.
Alors mettre en place un texte
qui ne correspond pas aux réalités biologiques et physiques des arbres, ne
pourra entraîner que des déboires et des frustrations.
Sans nier la volonté exprimée de
protection, il faudrait que soit établi un plan spécifique d’occupation du sol
et de la qualité des revêtements des surfaces sur les racines pour chaque arbre
remarquable ou chaque arbre historique retenu.
Quelques remarques de détail
Il s’agit du Sequoiadendron giganteum
et non S. gigantem
Pour le marronnier le nom
scientifique est Aesculus et non Easculus
Pourquoi pour seulement l’un des
chênes, lui donne-t-on le nom valide Quercus
robur et un nom qui n’est plus valide Q.
pedunculata ?
Le chêne vert n’est pas
originaire d’Afrique du nord mais est circumméditerranéen. Il est indigène au
Portugal et sur la côte atlantique de l’Espagne et remonte progressivement le
long de la côte atlantique. Il en est de même du chêne liège quant à son
origine, en revanche il n’a pas les velléités de conquête du chêne vert.
Le platane hybride, Platanus x acerifolia n’est pas originaire d’Espagne. C’est un hybride entre
deux espèces, l’une originaire du Moyen-orient l’autre d’Amérique du nord, qui
est apparu au XVIIe siècle au jardin botanique de Montpellier et
dans la région de Londres.
Quant à l’origine de
l’eucalyptus, le genre, donc l’ensemble des espèces, est bien originaire des
trois pays mentionnés (Australie, Tasmanie, Malaisie) mais l’espèce mentionnée E. globulus ou gommier bleu a une
origine plus réduite, province Victoria en Australie et Tasmanie.
On ne peut pas affirmer que le Pinus pinea est peu fréquent en France,
il est peu fréquent en dehors de sa zone biogéographique d’origine,
méditerranéenne.
Conclusion
De mon point de vue, le travail
de recherche est insuffisant, le choix des arbres retenus très discutable et
discriminatoire, le nombre d’arbres remarquables proposé irraisonnable et une rédaction
de modification de texte peu réaliste compte tenu de la diversité des
situations.
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